Décidément, après l’article de la semaine dernière sur le bonheur, voici encore une expérience existentielle 😬
Remettons un peu de contexte : je vis en Asie avec mon compagnon, qui a son brevet de pilotage. Pour son anniversaire l’année dernière, je lui ai offert une session de vol. Il me propose de venir avec lui… Pas rassurée (tout ce qui roule, vole ou vogue n’est pas ma passion), j’accepte tout de même.
Nous voici donc à l’aérodrome. 35 degrés, humidité maximale, le lieu est désert avec quelques vieux avions abandonnés. L’instructeur nous emmène vers un appareil qui a… vécu. Mon mec s’installe au poste de pilotage, l’instructeur côté passager, et moi à l’arrière.
Je n’étais jamais montée dans un petit avion, mais ce que j’avais sous les yeux n’était pas tout à fait ce que j’avais imaginé : un vieux cockpit, ma prise casque qui ne fonctionne pas, des boulons qui se détachent du siège, un instrument en panne. Un iguane traverse la piste sous nos yeux. Il fait désormais 45 degrés dans l’habitacle, nous ouvrons les fenêtres (des fenêtres ?!), je n’entends rien à ce qu’ils disent… Bref, un pur bonheur.
Et là, panique à bord – c’est le cas de le dire.
Je commence à stresser, que dis-je angoisser, mon mec se retourne tout sourire le pouce en l’air… « Bon, lui au moins à l’air content ».
L’avion commence à rouler sur la piste, prend de la vitesse et je panique encore plus. Deux choix s’offrent à moi :
Et je ne sais pas comment, oui, vous le voyez venir, j’ai accepté.
À l’instant précis où les roues ont quitté le sol, dans cet avion plus vieux que moi, une pensée s’est imposée : si Dieu décide que je meurs aujourd’hui, je n’y peux rien.
Ça peut sembler fataliste, mais attendez la suite.
Le sentiment qu’a généré cette prise de conscience a été IRREVOCABLEMENT la plus terrifiante et en même temps la plus libératrice que je n’ai jamais eu dans ma vie. Moi qui cherche à tout contrôler (ou en tout cas à en avoir l’illusion) – to-do lists, objectifs, visualisations, mille stratégies pour plier la réalité à ma volonté –, j’ai abandonné. Juste un instant, j’ai arrêté de croire que je maîtrisais quelque chose et mon corps entier s’est relâché.
J’ai même carrément accepté que je ne contrôlais rien, ni le vol, ni mon mec qui pilotait, ni l’instructeur, ni l’état de l’avion. Quoi, je vais sauter ? Grimper à l’avant et prendre le manche ? Hurler jusqu’à ce qu’on me redescende ? Et si Dieu, l’Univers, la Vie, le Hasard – appelez ça comme vous voulez – avait décidé que c’était la fin ? Eh bien, soit. Je n’avais pas d’autre choix. Ce n’était plus entre mes mains.
Dans cette acceptation j’y ai enfin vu l’occasion de lâcher prise. Je me suis sentie toute petite et en même temps totalement libre car cette partie là de ma vie, au moins, je n’en étais pas responsable. Je n’avais plus peur. Car oui, au fond, c’était bien la peur qui m’étouffait : la peur de mourir. En acceptant cette vérité, j’ai commencé à être libre.
Alors certes, il y’a bien eu ce moment « du bruit bizarre à l’arrière du cockpit » où l’instructeur s’est retourné en fronçant les sourcils, et où ma bonne résolution d’accepter la mort s’est envolée. Mais qu’importe, j’avais touché du doigt quelque chose !
J’ai toujours peur des avions – un truc aussi lourd qui vole, tout le monde trouve ça normal ? – mais cette expérience m’a enfin fait comprendre ce que signifie lâcher prise, un concept qui est resté longtemps abstrait pour moi.
En thérapie ou dans la vie, l’acceptation est quelque chose de libérateur. Peut-être même la clef du bonheur … Et ce n’est pas moi qui le dit ! ✨ « Ne cherche pas à ce que les choses arrivent comme tu le veux, mais veux ce qui arrive, et tu seras heureux. » Épictète